07A- Catherine B 17 ans et l'amour impossible
''je n'ai jamais imaginé qu'on put être a ce point hanté par un voix, par un cou, par des épaules, par des mains''
Romain Gary
De cette muraille épaisse d'où j' ai grandi
Une famille accablante
Une odeur de ruines
Des verres émiettés
Un bonheur dévasté
De ce temps là, je ne veux
Me rappeler que d'une chose:
La rencontre de ce beau jeune homme
17 ans
Il m a relevée de la vallée brumeuse
D'où je me noyais en gris pâle
Son apparition d'un an fut
Comme un nuage de musique
Léger, magique, filant et sonore
Tout me séduisait chez cet être brun
Grand et mince
Il me parlait avec une voix d homme
Touchante, comme si a 17 ans
Je pouvais être quelqu'un d important
Ses yeux noirs d' ébène
Remontaient mon moral écaillé
Son regard ingénu et coquin
Me parlait tant au cœur qu' aux entrailles
De ma vie courbée
Son léger toucher sur mon épaule
Me faisait un coussin de soie
Ses mains grandes, fragiles et douces
M'apportaient toute
La clameur lumineuse dont ' étais privée
Il me chuchotait avec
Un air de langueur absolue
Un humour à me faire renverser
Morte de rire, il me susurrait
Avec de subtils frissons
Les flots de la clémence
Il avait le sourire de l'univers doré
Et le front plissé de la générosité
Mes antennes sensibles
Circulaient à vive allure
Je ne pouvais plus dormir
Tant son ombre me caressait
Joliment dans le sens du bois Poli
Le sexe, la tête,le cœur,
N 'en pouvant plus de cette extase prometteuse et nouvelle,
Je lui demandais un matin,
Par un gentil billet doux
Laissé au creux de sa main
''veux-tu dormir avec moi?"
Mais
La réponse jamais ne vint
Suivit le silence
La torture du vide
L' inexplicable évitement...
Un pont fragile se tissa dès lors
Entre nos deux âmes
Pont qui ne demandait qu'à se briser
Tant il vacillait de toute part
Déchirée de l'intérieur
L' espace blanc de sa distance
Me laissa sans voix
Comme si mon doux mot
Était devenu à lui seul
Une bombe à son oreille
Comme si ''dormir ensemble''
Devenait le plus gros mot du monde
C' est ainsi, doublée du désastre de ma famille, je dus vomir totalement
Les bancs scolaires du Périgord
J' implorai la grâce des dieux,
Le poing dans mes poches fermées
Pour pacifier mon cœur atteint
Je choisis alors d'entamer un voyage
Le pouce levé vers l'incertitude
Le sac à dos léger comme
Unique compagnon
La marche à pieds sur les chemins
De la vie dans un infini de tons
Mon premier amour resta ainsi
A jamais inachevé
Inexpliqué, inexplicable
Inconcevable, inconsolable
Il s appelait Enrike, il avait 17 ans
Travaillée de l'intérieur
Dans mes voyages hasardeux
J'avalais l'extérieur
Par ma curiosité vive
Et me laissait porter
Par les nuages de la vie
C'est ainsi que mes ciels ne furent
Pas toujours noirs d'orage
Il y eut aussi des ciels bleus
Des horizons patinés de calme
Des prairies coloriées
Mais jamais jamais
Je n'ai oublié
Cet amour impossible.
17 ans.
Mamlair.catherine