47 - Bénédicte-Fredaine - Mes amis les mots
Avec mes amis les mots
Je ne suis jamais seule.
Avec eux je m’envole
Je quitte la terre
J’échappe au quotidien,
C’est lui qui me contraint.
Adieu peines et soucis.
Ah ! Confinée je suis ?
Déchirons ce linceul !
Lors, peines et tracas
S’éloignent avec les mots
Emplis de leur fracas.
Dans l’azur, tout là-haut
Vers les cieux je prends
La poudre d’escampette
Telle une girouette
Poussée par le vent
Pour que le temps s’arrête.
O temps suspens ton vol
A écrit le poète.
Comme lui je quitte la terre
Si lourde et délétère.
Adieu les ennuis
Qui donnez le tournis.
J’ai trouvé un refuge,
J’emprunte la luge
De la fantaisie,
D’une imaginaire vie,
Le jour et la nuit.
Je n’ai besoin de personne,
Tinte carillon ! Sonne !
Avec mes amis les mots,
Je danse sur les notes.
Do majeur, ou mi bémol,
Clef de fa, ou clef de sol,
Sur les lignes de la portée
Tous les mots sont clarté.
Je m’en vais tout là-bas
Ne me cherchez pas.
Avec mes amis les mots,
Le monde est si beau !
Dégagés des tristesses,
Des peines et douleurs,
Ils sont libres de choisir
Les pleurs ou le rire
Selon leur humeur.
Voici leur beau cadeau :
Décider du bonheur.
Par mille prouesses
Fuir ainsi le malheur,
Esquisser les promesses
De lendemains qui chantent…
Complices ou faux frères
Ils exercent leur pouvoir…
Et si je vitupère
Dans l’adversité,
Le vocabulaire
S’impose sans manière.
Mais les mots font le choix
De peser de leur poids.
Plus calmes que moi,
Faisant marche arrière,
Ils m’entraînent sur la page.
Je découvre, j’étudie,
Je rature et corrige...
Les chevaux du quadrige
Se cabrent, exigeants.
La page blanche attend.
De mes amis les mots,
Déployer les qualités,
User de leur densité
C’est leur rendre hommage.
Turbulents ou sages,
Face à la contrariété
Ils m’offrent un passage
Vers la sérénité.
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